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Le petit monde de Ludi
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6 octobre 2008

No et moi / Delphine de Vigan


Découvrez John Lennon!



Blog_205

Lou Bertignac a 13 ans et doit présenter un exposé à l'école. Elle aime observer les gens et, quand à la gare d'Austerlitz, elle se fait accoster par No ("elle portait un pantalon kaki sale, un vieux blouson troué au coudes, une écharpe Benetton comme celle que ma mère garde au fond de son placard, en souvenir de quand elle était jeune"), une jeune SDF, elle a son sujet tout trouvé !

Extrait p. 15-16

"La gare d'Austerlitz, j'y vais souvent, le mardi ou le vendredi, quand je finis les cours plus tôt. J'y vais pour regarder les trains qui partent, à cause de l'émotion, c'est un truc que j'aime bien, voir l'émotion des gens, c'est pour ça que je ne rate jamais les matches de foot à la télévision, j'adore quand ils s'embrassent après les buts, ils courent avec les bras en l'air et ils s'enlacent, et puis aussi Qui veut gagner des millions ?, il faut voir les filles quand elles donnent la bonne réponse, elles mettent leurs mains devant leur bouche, renversent la tête en arrière, poussent des cris et tout, avec des grosses larmes dans leurs yeux. Dans les gares, c'est autre chose, l'émotion se devine dans les regards, les gestes, les mouvements, il y a les amoureux qui se quittent, les mamies qui repartent, les dames avec des grands manteaux qui abandonnent des hommes au col relevé, ou l'inverse, j'observe ces gens qui s'en vont, on ne sait pas où, ni pour combien de temps, ils se disent au revoir à travers la vitre, d'un petit signe, ou s'évertuent à crier alors qu'on ne les entend pas. Quand on a de la chance, on assiste à de vraies séparations, je veux dire qu'on sent bien que cela va durer longtemps ou que cela va paraître très long (ce qui revient au même), alors là l'émotion est très dense, c'est comme si l'air sépaississait, comme s'ils étaient seuls, sans personne autour. C'est pareil pour les trains à l'arrivée, je m'installe au début du quai, j'observe les gens qui attendent, leur visage tendu, impatient, leurs yeux qui cherchent, et soudain ce sourire à leurs lèvres, leur bras levé, leur main qui s'agite, alors ils s'avancent, ils s'étreignent, c'est ce que je préfère, entre tout, ces effusions".

Lou a une vie de famille difficile : sa maman est en dépression suite à la mort de sa petite fille Thaïs. Elle va se lier d'amitié avec No et, avec l'aide de son ami Lukas, va tenter de la "sortir de là".

J'ai beaucoup aimé ce roman : la façon d'écrire de Delphine de Vigan est très agréable, une sorte de "langage oral" très touchant : Lou nous raconte son histoire, nous livre ses états d'âme.

"... Il y a cette ville invisible, au coeur même de la ville. Cette femme qui dort chaque fois au même endroit, avec son duvet et ses sacs. A même le trottoir. Ces hommes sous les ponts, dans les gares, ces gens allongés sur des cartons ou recroquevillés sur un banc. Un jour, on commence à les voir. D ans la rue, dans le métro. Pas seulement ceux qui font la manche. Ceux qui se cachent. On repère leur démarche, leur veste déformée, leur pull troué. Un jour on s'attache à une silhouette, à une personne, on pose des questions, on essaie des trouver des raisons, des explications. Et puis on compte. Les autres, des milliers. Comme le symptôme de notre monde malade. Les choses sont ce qu'elles sont. Mais moi je crois qu'il faut garder les yeux grands ouverts. Pour commencer".

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Commentaires
C
J'avais beaucoup aimé aussi ! Il y a des livres étiquettés 'jeunesse' qui peuvent être lus par les adultes, et celui-ci pourrait très bien être préconisé dans le sens inverse !<br /> <br /> C'est une très belle histoire, à découvrir.
Le petit monde de Ludi
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